22 Août K15 | Le château du Champ de Bataille
Pour commencer, voici pourquoi ce château porte le nom de Champ de Bataille.
C’est une histoire qui remonte au Xe siècle. En 935, une grande bataille s’est déroulée sur ces lieux même entre deux familles : celle qui régnait sur le Cotentin, menée par Guillaume Longue Épée, et celle de Robert le Danois. La première famille a gagné, et grâce à cette victoire, la Normandie a conquis son indépendance. Bien qu’on manque de documents, il est probable que plusieurs châteaux se soient succédé sur ce site. Beaucoup plus tard, en 1651, il s’est produit un événement fondateur : Alexandre de Créqui, frondeur et ami du prince de Condé, est exilé par Mazarin, qui gouverne la France pendant la minorité de Louis XIV. On le condamne aussi à résidence. Créqui décide alors de se faire construire un palais magnifique qui lui rappellerait ces fastes de la Cour que jamais plus il n’allait connaître.
On suppose qu’il s’est adressé au meilleur architecte et au meilleur jardinier, car les seuls documents qui nous sont parvenus sont deux plans attribués à Lenôtre. Malheureusement, faute de charge à la Cour et devenu un paria, Créqui est mort ruiné. C’est son neveu, le marquis de Mailloc, qui hérita de ses dettes et de son patrimoine. Champ de Bataille ne l’intéressait sans doute pas, car il ne s’y est pas installé et n’a pas engagé de travaux.
À sa mort, il légua le château à son neveu Anne-François d’Harcourt, duc de Beuvron et gouverneur de Normandie. Celui-ci, au contraire, fit de Champ de Bataille sa résidence principale, décidé à montrer sa puissance et son pouvoir. À cette époque, le château était très délabré et les décors du XVIIe siècle malheureusement irrécupérables. D’Harcourt entreprit alors d’énormes travaux pour rétablir les fastes d’antan. Mais la Révolution a interrompu cette tâche gigantesque, qui est restée inachevée.
Comme beaucoup de maisons nobles à cette époque, le château fut pillé, puis abandonné pendant de longues années. Au retour de la monarchie, le domaine fut vendu et il passa de main en main durant tout le XIXe siècle. Personne ne s’est soucié d’y faire des travaux importants, et le château a été simplement maintenu dans ce que l’on appelle un état « hors d’eau ». Il restait donc beaucoup à faire pour lui redonner sa magnificence d’autrefois.
C’est Jacques Garcia, l’actuel propriétaire, qui a repris cette charge difficile en 1992. Elle est maintenant accomplie, et il souhaite aujourd’hui vous faire partager cette expérience exceptionnelle.
« Ici règne l’ampleur. Le décor n’intervient qu’après la déclaration de puissance. » – Jacques Garcia
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