08 Jan De Gaulle et ses Gorilles
Au long des dix ans passés à la tête de l’Etat français, le général de Gaulle fut protégé par quatre gardes du corps choisis par André Malraux. Quarante ans après sa mort, trois d’entre eux livrent leurs souvenirs intimes d’un grand homme, qui protégea aussi sa vie privée.
Comme les trois mousquetaires, ils étaient quatre. Tous pour un, un pour tous : les gardes du corps du général de Gaulle sont restés à son service jusqu’à sa mort. Il y avait Roger Tessier, le boxeur ; Henri Djouder, le Kabyle, combattant de la France libre ; René Auvray, le parachutiste, qui fut remplacé en 1963 par Raymond Sasia, le tireur d’élite ; et Paul Comiti, leur patron, corse, commando marine et résistant. C’est lui qui fixa la règle des quatre mêmes gorilles, dont le dévouement pour le général fut total. Chargés de sa sécurité lors de ses déplacements, ils incarnèrent un âge d’or de la protection rapprochée, sans portables, ni oreillettes, ni tireurs d’élite sur les toits. En 1964, lors de sa tournée triomphale en Amérique latine, des étudiants bousculèrent le général. Paul Comiti le soulèva alors et le porta : la légende des gorilles de De Gaulle était née.
Aujourd’hui, René Auvray et Roger Tessier se souviennent : « Il nous voulait pas mais il nous acceptait » ; « On disait pas « Mon Général” entre nous, on disait « Pépère”. » Ils furent le rempart entre lui et la foule où de Gaulle adorait s’immerger, et les photographes, et journalistes, qu’il appréciait moins. « Il ne nous a jamais beaucoup aimés, les photographes, parce qu’il n’aimait pas être photographié avec ses lunettes », explique Bernard Charlet, grand reporter à France-Soir. Sa myopie constitua un véritable défi pour les quatre gorilles, qui devaient en permanence veiller à ce qu’il ne chute pas. Mais le plus éprouvant pour les gardes du corps, c’était le caractère de leur patron : « Il ignorait le danger », évoque Raymond Sasia. Or, dans les années 60, pas moins de vingt attentats contre le général furent déjoués. Deux fois, il échappa à la mort. Dans ce film aux allures de polar des années 60, gorilles et photographes égrènent les anecdotes, révélant un de Gaulle facétieux et orgueilleux, mais qui sut toute sa vie rester discret sur sa vie privée.
-Anne-Laure Fournier
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